Un nouveau poste test Tom
Appelez-moi Ismaël. Il y a quelques années – je ne me souviens pas de la date exacte – n’ayant que peu ou pas d’argent dans ma bourse et rien de particulier qui m’intéressait à terre, je me suis dit que j’allais naviguer un peu et voir la partie aquatique du monde. C’est une façon pour moi de chasser la rate et de réguler la circulation. Chaque fois que j’ai la bouche sombre, que je vis un mois de novembre humide et bruineux, que je m’arrête involontairement devant les entrepôts de cercueils et que j’accompagne tous les enterrements que je rencontre, et surtout chaque fois que mes hypos prennent tellement le dessus qu’il me faut un principe moral fort pour m’empêcher de descendre délibérément dans la rue et de renverser méthodiquement les chapeaux des gens, alors je considère qu’il est grand temps de prendre la mer dès que je le peux. C’est mon substitut au pistolet et à la balle. D’un geste philosophique, Caton se jette sur son épée ; moi, je monte tranquillement à bord du navire. Il n’y a rien de surprenant à cela. S’ils le savaient, presque tous les hommes à leur niveau, à un moment ou à un autre, nourrissent à l’égard de l’océan à peu près les mêmes sentiments que moi